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Neaumade sur le continent en thé
7 novembre 2007

Les chachliks et la gentillesse

Un mois déjà.
On a notre appartement à Khujand.
Du gaz, trois heures par jour pour cuisinner.
Des coupures d'eau quotidiennes.
Mais jusqu'ici pas encore de coupures d'électricité. On est donc privilégié puisque la plupart des habitants de Khujand et des environs n'ont de l'électricité que quelques heures par jour.
On est bel et bien plus en Chine.
Bien sûr que la bonne bouffe aurait pu nous y retenir. Parfois on se dit qu'elle aurait dû nous y retenir. Surtout lorsque l'on termine un chachlik et que le gras de la viande se fige sur notre palais. Gras que l'on doit le déloger avec les doigts. Mais on ne s'en fait pas. Puisqu'il n'y a que des chachlik à Khujand, on finira bien par en trouver qui n'obstruent pas le palais.
Donc la bonne bouffe aurait pu nous y retenir, en Chine, mais c'est surtout les frontières fermées pour le congé de la fête nationale qui nous faisaient le plus peur.
On est passé, il etait moins une. Moins une journée. La veille, quoi.
On s'imaginait entreprendre en ex-URSS, la traversé d'une contrée sans garage dans une Lada aux pneux crevés. C'est dire à quel point on se préparait au pire côté bureaucratie.
Si j'ose dire qu'il nous manquait de préparation, ça serait un peu comme définir la bureaucratie centre-asiatique.
Mais tout fini par disparaitre tant la gentillesse des gens est grande.
A la frontiere kazakh, on rencontre un kazakh qui étudie en Chine et rentre chez lui pour le congé chinois. Il va retrouver sa copine et fera le trajet jusqu'à Almaty avec nous. Elle nous attend sur le coin d'une rue. Il l'embrasse. On la salue. Ensuite on part à la recherche de l'agence de Tajik Air pour acheter nos billets. Ils passeront leur après-midi de retrouvailles avec nous.
C'est si facile avec des interprètes.
On voulait les billets pour le lendemain mais il n'en restait plus. Nous partirons donc cinq jours plus tard. Cinq jours de camping dans les montagnes du Kazakstan? La surprise de l'agente qui nous vend nos billets sème un peu le doute dans nos esprit.
-Vous n'avez pas de visas tadjiks?
-Non, puisque l'on peut les obtenir a l'aeroport.
-....
Une fois les billets dans la poche et la chambre trouvée, après des heures de recherche avec nos compagnons, on va faire quelques recherches au sujet des visas.
Nos dernieres informations étaient que l'on peut obtenir ce visa a l'aéroport. Mais voilà, le gouvernement tadjik vient de changer le règlement. On doit avoir obtenu préalablement le visa auprès d'une ambassade pour entrer dans le pays ou être en possession d'une lettre d'invitation pour l'obtenir à l'aéroport. Il nous reste cinq jours.
On trouve l'adresse du consulat Tajik. Pourquoi ne pas aller vérifier si c'est loin? Nous sommes dimanche.
On marche et marche. Une heure, deux heures, ...
D'après les adresses, nous sommes rendus trop loin. Mais avant, il n'y avait rien. On va voir les gardes de sécurité d'un immeuble de luxe pour leur demander la direction.
-C'est par là.
-Donc c'est là que l'on va trouver cette adresse?
-Non, par là.
-Donc par là?
-Non, par là.
Après nous avoir indiqué les quatres points cardinaux, on en est certain, il se fou éperdumment de nous aider.
Sur l'entrefait, une voiture sort du stationnement.
Une Lexux flambant neuve. J'ai pas retenu le modèle. J'étais trop occupé à replacer des mèches de cheveux rebelles en me regardant dans le noir de la peinture.
-Vous cherchez?, demande la femme en anglais.
-L'ambassade Tajik.
-Montez, on va la trouver avec vous.
On fait des détours pendant une heure. D'immeubles sans adresses en fausses joies. Le moteur ne gronde jamais de mécontentement. Même lorsque l'odomètre fait de la fièvre. On arrête. L'homme qui conduit, sort de la voiture, va demander des informations, remonte. On repart. Ne trouve pas. Les bouches de ventilation oscillent de gauche à droite pour le confort de tous. Mais ca n'aide en rien notre quête. Finalement, la femme prend son téléphone et appelle l'opératrice pour s'assurer de l'adresse. L'adresse officielle sur le site n'est pas la bonne. On va vérifier la nouvelle adresse pour voir si c'est bien là. On vient de trouver.
Le lendemain on va appliquer pour notre visa.
Et c'est trop facile. Trois jours plus tard, le visa est apposé dans nos passeports et nos passeport sont dans nos poches.
Maintenant que nous sommes rentre en possession de nos passeport, il ne nous reste qu'une formalité à remplir. Enregistrer nos visas kazakhs. À quoi ça sert? Je le sais encore moins que vous.
Mais toujours est-il qu'il faut les enregistrer.
On va à un premier endroit. Qui nous réfère à un deuxième. Qui est fermé jusqu'a 15 heure. Qui nous réfère a une troisième place. Qui est fermée jusqu'a 18 heure... Et qui n'ouvrira qu'une seule heure. A l'ouverture c'est la cohue.
Mais on tombe sur une agente bien gentille qui fera notre enregistrement sur le champ. Merci! Habituellement la formalité dure deux journées.
On va fêter nos victoires avec un Suisse rencontré au bureau des enregistrements.
Le lendemain on part pour Dushanbe. Tajikistan, on arrive!
Mais il semble que Dushanbe ait d'autres chats à flatter que nous. C'est le sommet des président des républiques d'ex-URSS qui se tient en ce moment. Aucune chambre d'hotel n'est disponible. Même pas la plus minable. Et les rues de la capitale vont bientôt fermer pour assurer la sécurité des importants.
On file donc à Khujand ou l'on est acueilli par un responsable Tajik d'une ONG canadienne. À notre grande surprise. On passe la première nuit chez lui. Puisque c'est le ramadan et qu'il n'a pas mangè de la journée, il a faim. Nous aussi. On partage un plov, plat traditionnel tajik, que sa femme a préparé.
Et depuis un mois a passé.
Et la bureaucratie nous a finalement rattrapé.
On se promenait dans les rues d'une petite ville pas trop loin de Khujand. On monsieurs un peu saoul nous a accosté. Il est heureux, sa fille va se marier dans deux jours. Sa femme sera un peu moins heureuse de le voir rentrer. Il nous invite chez lui. Les gens nous invitent toujours... On accepte. On fini par souper chez lui. Lorsque l'on repart vers l'hôtel ou l'on pense dormir, il fait déjà noir.
La femme de l'hôtel nous reconnaît. On était passé dans la journée pour réserver la chambre. Elle prend la clé et nous demande nos passeports pour nous enregister.
Nos passeports sont à Dushanbe pour le renouvellement de nos visas. Elle ne veut pas nous louer la chambre sans papiers et va chercher un policier. On se dit qu'au pire, on vient de trouver une place pour passer la nuit! Mais non. On discute avec lui et lui explique la situation. Il pose plusieurs questions. On lui répond avec notre peu de tajik. Finalement il se tourne vers la vieille femme et lui dit qu'elle peut nous louer la chambre même sans passeport. Du haut de ses trois pommes est résiste. S'objecte. Refuse. On sort donc dans la nuit. Il y a paraît-il un autre hôtel. Mais par ou? Le policier est déjà disparu. On entre donc dans un dépanneur et demande la direction de l'autre hôtel. Le mari et la femme nous demande pourquoi on ne va pas à l'hôtel à côté. On leur explique. Du coup, ils nous disent que si ça ne fonctionne pas à l'autre hôtel, ils nous invitent chez eux.
Mais ça fonctionnera. On ne nous demande pas de passeport. La chambre sera minable. Et au matin des gens dormiront dans le couloirs. Nous on se rapellera de ce couple rencontré au dépanneur qui voulait nous héberger.
Voilà. Un petit message pour dire la gentillesse et l'hospitalité des gens.

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